Déclaration pour la Journée Internationale de la Justice de l’Hon. Dr. Pindi Chana, MP (Tanzanie), en sa qualité de présidente du Conseil international, Action mondiale des parlementaires.
La République unie de Tanzanie a ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) le 20 août 2002, marquant ainsi son entrée dans le groupe des nations respectant le droit international et travaillant ensemble pour mettre fin à l’impunité.
Nous avons assisté de manière récurrente à la commission d’atrocités de masse : génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crime d’agression dans des pays voisins et dans le monde ; c’est un affront aux valeurs intrinsèques de l’humanité.
En réponse aux détracteurs de la Cour et afin d’aborder l’idée erronée que les Africains ne veulent pas de la CPI : trente-quatre (34) États du continent africain sont des États membres, dont trente-trois (33) en Afrique sub-saharienne. Les membres des parlements africains soutiennent le système du Statut de Rome car il représente l’ultime garantie contre les abus et injustices entérinées par les gouvernements et il fournit un forum à toutes les victimes des crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale et qui heurtent la conscience de l’humanité. La CPI est une barrière de protection pour les opprimés, et plus particulièrement lorsque cette oppression est exécutée avec une barbarie approuvée par le gouvernement.
Afin de traiter de manière appropriée les crimes odieux qui ont entaché l’histoire de l’Afrique, nous avions besoin d’un tribunal devant lequel les auteurs des crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale pourraient être tenus responsables. Il faut dire qu’au sein des juridictions nationales la capacité ou la volonté politique fait défaut, et plus particulièrement lorsqu’elles sont sous le joug de ceux au pouvoir. La compétence de la Cour ne peut être déclenchée que dans ce cas seulement. La CPI ne cherche pas à éroder la souveraineté des États ; elle est complémentaire aux juridictions nationales. La responsabilité première de poursuivre les auteurs de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crime d’agression repose sur les juridictions nationales. La CPI intervient, pour le bien des victimes africaines, quand nos États peuvent échouer ; par conséquent la CPI est un outil de renforcement de notre souveraineté !
La CPI est une cour de dernier ressort qui protège les droits des victimes et cherche à préserver la dignité de la personne humaine, la démocratie et l’État de droit contre l’impunité. Le système du Statut de Rome est une garantie pour les valeurs auxquelles nous croyons, c'est-à-dire la démocratie, l’État de droit, une justice réparatrice pour les victimes, et les droits humains inhérents à la nature de chaque être humain.
La République unie de Tanzanie a ratifié le Statut de Rome car le pays souhaitait protéger sa population de toute personne qui commettrait des crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale, indépendamment de sa qualité officielle, de son rang ou de son statut, afin de mettre un terme à l’ère de l’impunité.
Nous, parlementaires d’Afrique, continueront de soutenir la CPI parce que nous croyons que notre peuple mérite une voix dans un système de justice universel où l’impunité n’a pas sa place.
Dar es Salaam/La Haye/New York, 17 juillet 2015