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3ème Table ronde sur l’Afghanistan : Soutenir les ressortissants afghans sur le terrain et en exil

Un événement

3ème Table ronde sur l’Afghanistan : Soutenir les ressortissants afghans sur le terrain et en exil

Une discussion avec les parlementaires afghans et leurs homologues

DATE: 30 mai 2022

Actions pour soutenir les ressortissants afghans sur le terrain et en exil

Face à la détérioration de la situation humanitaire et des droits humains en Afghanistan, en particulier la situation des droits des femmes et des filles, le rétrécissement continu de l’espace de la société civile, la destruction des principes et valeurs démocratiques, et l’augmentation de la violence et de la discrimination à l’égard des minorités religieuses et ethniques ;

Considérant les violations continues du droit des Afghans à demander l’asile, notamment en vue des obstacles se dressant sur leur chemin pour fuir les persécutions, le niveau de corruption dans ce processus, et la perception de doubles standards dans le traitement des cas de réfugiés par les États ;

Alors que la communauté internationale s’est engagée à soutenir l’Afghanistan mais que, jusqu’à présent, elle n’a pas réussi à fournir une aide humanitaire adéquate et efficace aux ressortissants afghans sur le terrain et en exil, en dépit du fait que leurs vies soient toujours en danger ;

Il devient plus urgent que jamais que les membres des parlements, les gouvernements, les organisations internationales et les autres parties prenantes, prennent des mesures concrètes pour s’engager de manière significative et élaborer des réponses tangibles pour soutenir les Afghans sur le terrain et en exil.

Les actions suivantes, développées à la suite du riche échange qui a eu lieu lors de la troisième Table ronde de PGA sur l’Afghanistan le 30 mai 2022, devraient être prises en considération par la communauté internationale :

I. Sur le soutien général à l’Afghanistan de la part de la communauté internationale et des membres des parlements du monde entier :
  1. Maintenir la situation en Afghanistan en tête des priorités de l’agenda international et envoyer des messages forts : la multiplication des crises dans le monde ne doit pas reléguer la situation en Afghanistan au second plan, notamment en ce qui concerne le statut des droits des femmes et des filles, qui représente la pire crise des droits des femmes depuis 1996. Ce qui se passe en Afghanistan affecte tous les pays du monde, et il est de la responsabilité de la communauté internationale de continuer à surveiller l’évolution de la situation : nous ne pouvons pas oublier l’Afghanistan.
  2. Permettre aux Afghans de faire entendre leurs voix dans les forums internationaux, régionaux et nationaux : il est de la plus haute importance d’écouter leur expertise et de les inclure dans toute discussion visant à calibrer la réponse de la communauté internationale pour faire face à la détérioration de la situation dans leur pays.
  3. Développer des partenariats et donner de l’espace aux acteurs afghans dans nos pays respectifs, notamment aux députés afghans démocratiquement élus : il est nécessaire de les inviter à s’exprimer dans les parlements nationaux afin que tout gouvernement et tout acteur de la société civile puisse écouter attentivement leurs voix, assurer un soutien, et établir un partenariat avec eux pour rester en contact étroit.
  4. Ne pas reconnaître les Talibans comme le gouvernement légitime : lors de tout engagement avec le régime de facto des Talibans, éviter de prendre toute mesure qui leur accorderait une légitimité. Dans la mesure du possible, les efforts ciblés de coopération au développement doivent être dirigés vers la société civile afghane, les associations professionnelles et d’autres entités, y compris les organisations internationales et les ONG concernées, qui sont en mesure de contourner les contrôles et la surveillance et l’oppression des Talibans (voir, par exemple, l’approche élargie développée par la Banque mondiale pour soutenir le peuple afghan, disponible en anglais).
  5. Réfléchir à des sanctions ciblées qui auront un impact sur les Talibans et les acteurs internationaux collaborant avec eux, sans imposer davantage de souffrances à la population afghane : les ressortissants afghans ont déjà trop souffert de la superposition des crises, notamment de la crise économique, de la crise de l’approvisionnement alimentaire et du manque de services de santé. Les Afghans ne devraient pas payer un prix encore plus élevé pour les violations commises par les Talibans, et leurs vies ne devraient pas être encore plus en danger.
  6. Construire un leadership pour conduire une réponse coordonnée et concertée de la communauté internationale face à la situation en Afghanistan : il est crucial que les pays engagés dans la mise en œuvre d’une politique étrangère féministe conduisent une réponse de la communauté internationale pour faire face à la situation et continuer à construire un consensus international plus large sur la protection et la promotion des droits humains en Afghanistan, afin que les déclarations se transforment en actions concrètes.
  7. Surveiller activement et efficacement la situation des droits humains et signaler les violations des droits humains, y compris les violations des droits des femmes et des filles : bien que l’accès à une surveillance fiable de la situation des droits humains reste un défi, y compris dans les provinces afghanes, il est de la plus haute importance que la communauté internationale soutienne la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits humains en Afghanistan, M. Richard Bennett, dans la pleine mise en œuvre de leurs mandats respectifs.
II. Sur la situation humanitaire en Afghanistan :
  1. Continuer à soutenir les défenseurs des droits humains et les ONG indépendantes qui travaillent activement sur le terrain : mettre en place des mécanismes précis pour leur permettre de travailler depuis un lieu sûr. En particulier, soutenir les ONG ayant une base et des connexions sur le terrain pour les aider à atteindre les personnes vivant dans des zones isolées, y compris les individus devant rester cachés, et veiller à ce que ces personnes aient également accès à l’aide humanitaire.
  2. Unir les voix pour dénoncer toute pression ou attaque visant les défenseurs des droits humains et les ONG indépendantes : il est nécessaire de s’exprimer lorsque des rapports soulignent des attaques et des abus contre les défenseurs des droits humains, les manifestants, les femmes et les filles, ou toute minorité religieuse ou ethnique.
  3. Contribuer à rétablir les fonctions de la banque centrale afin de permettre la reprise des services de base pour la population au sein de l’économie afghane, tout en veillant à ce que la branche exécutive du gouvernement de facto des Talibans ne soit pas reconnue : la sévère crise économique à laquelle les Afghans sont actuellement confrontés aggrave leur situation déjà précaire. Les fonds gelés doivent être utilisés pour les citoyens afghans, sous la surveillance appropriée de la Banque centrale ;
  4. Calibrer toute aide humanitaire en fonction des besoins spécifiques des Afghans en écoutant leurs voix : il est prioritaire d’inclure les Afghans dans toute action liée à l’Afghanistan, surtout lorsqu’il s’agit d’aide humanitaire : ils savent mieux que quiconque ce dont les Afghans ont besoin, en fonction des différentes provinces où ils se trouvent.
  5. Réengager avec l’Afghanistan sur le terrain : des ressources humaines sont nécessaires sur le terrain pour aider les ressortissants afghans et atténuer les dommages et les traumatismes causés. Il convient de renforcer le soutien pratique et l’assistance humanitaire à la société afghane, notamment celle déjà fournie par les agences des Nations Unies travaillant sur le terrain.
III. Sur les droits des Afghans à demander l’asile
  1. Veiller à ce que les droit des Afghans à demander l’asile soient respectés et éviter l’applications de doubles standards : les ressortissants afghans fuient les persécutions. Ils ont le droit à demander l’asile et à trouver un endroit où leurs vies ne seront plus en danger. Leur cas doit rester une priorité pour l’ensemble de la communauté internationale, et pas seulement pour les pays voisins de l’Afghanistan. Ces réfugiés ont une expertise qui contribuera à toute société.
  2. Encourager le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) à faciliter la procédure de délivrance des certificats d’asile aux réfugiés afghans : ce certificat est le seul document qui donnera aux Afghans leur statut de réfugié, leur permettant ainsi d’avoir accès aux services de base et de procéder à leurs demandes de réinstallation. L’UNHCR doit garantir une procédure sûre, rapide et intègre. Ces personnes et ces familles ont tout laissé derrière elles et doivent généralement faire face à des traumatismes importants : il est de la plus haute importance que l’ONU les assiste au mieux, afin que leurs conditions de vie ne s’aggravent pas.
  3. Les ressources gouvernementales doivent être consacrées aux demandes de traitement accéléré : la longueur de la procédure représente un élément supplémentaire venant menacer la vie des Afghans. Les gouvernements devraient donc veiller à ce que les ressources financières et humaines nécessaires soient allouées à ces processus, qui devraient également être plus accessibles.
  4. Poursuivre les évacuations pour ceux qui cherchent à fuir, faciliter une réinstallation sûre, et assurer la coopération internationale pour le regroupement familial : il reste encore beaucoup à faire en matière d’évacuation, car la majorité des pays qui se sont engagés à évacuer un certain nombre d’Afghans n’ont pas atteint leur seuil - sans compter qu’un nombre bien plus important d’Afghans, dont certains ont travaillé avec la communauté internationale, sont en grand danger et se retrouvent sans aucune aide de cette même communauté internationale. Il est également nécessaire de garantir une réinstallation sûre, en particulier pour les femmes et les filles qui continuent à être confrontées à des crimes odieux tels que les crimes sexuels, la violence sexiste, la traite des êtres humains, le harcèlement et d’autres formes d’abus dans les camps de réfugiés et ailleurs.
  5. Une fois réinstallés dans un endroit sûr, aider les réfugiés afghans à reconstruire leur vie : il est nécessaire d’aider les Afghans à trouver des emplois et des formations qui correspondent à leurs compétences et leur permettront de contribuer à la société ; de veiller à ce que les étudiants afghans puissent poursuivre leurs études ; et d’attribuer des ressources nécessaires aux services de santé mentale pour les aider à se remettre de leurs traumatismes.
  6. Créer et soutenir des réseaux pour développer l’héritage des Afghans : les Afghans ont besoin du soutien de leurs pairs : leurs connaissances, leur expertise, leur culture et leur héritage ne peuvent pas être perdus.
IV. Sur le combat contre l’impunité
  1. Veiller à ce que les responsables de violations des droits humains et de crimes internationaux soient tenus de rendre des comptes devant un tribunal qui respecte les principes de l’État de droit et les normes internationales : il s’agit notamment de tenir les Talibans pour responsables de leurs crimes, et responsables pour les obligations sur lesquelles l’Afghanistan s’est engagée en vertu du droit international.
  2. Soutenir la CPI pour qu’elle fasse avancer son enquête sur l’Afghanistan, qui devrait se concentrer spécifiquement sur les persécutions fondées sur le sexe et le genre et sur l’asservissement des enfants : les efforts pour enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis sur le territoire afghan ou par ses ressortissants depuis le 1er mai 2003 devraient être renforcés.
  3. Développer des mécanismes sur le principe de responsabilité et de réparation pour les victimes, y compris en activant le principe de la juridiction universelle ou tout autre mécanisme de responsabilité : les Afghans attendent que justice soit faite depuis trop longtemps. La lutte contre l’impunité doit rester une priorité, et les pays doivent effectivement adopter une législation nationale intégrant les définitions des crimes internationaux.
  4. Les victimes doivent être au centre de tout processus : les droits inaliénables des victimes à la vérité, à la justice, aux réparations, à la mémoire et aux garanties de non-récurrence doivent être respectés et garantis.
  5. Mettre en œuvre des politiques efficaces de lutte contre le terrorisme qui suivent une approche fondée sur les droits humains afin d’éradiquer la menace du terrorisme et de l’extrémisme : la montée du radicalisme et de l’extrémisme est un phénomène qui peut toucher tous les pays. Il convient d’adopter des outils concrets qui suivent une approche fondée sur les droits humains pour éviter que ces phénomènes ne se propagent, et pour protéger les valeurs universelles, la démocratie, la justice, la liberté et les droits humains. Lorsque les attaques terroristes atteignent l’échelle de gravité des crimes contre l’humanité, elles doivent être qualifiées comme telles. Les mécanismes de la CPI et d’autres doivent alors être déclenchés sans hésitation, afin d’éviter que les efforts passés de lutte contre l’impunité échouent.

Depuis la prise du pouvoir du pays par les Talibans le 15 août 2021, la situation humanitaire et des droits humains s’est considérablement détériorée en Afghanistan : le pays a sombré dans une crise économique sans précédent et dans l’insécurité alimentaire, et une vague de violence a frappé la population civile ; plus de la moitié de la population afghane a besoin d’une aide humanitaire pour survivre ; l’espace civique s’est rétréci ; les droits des femmes et des filles sont de plus en plus restreints ; environ 3,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays ; et environ 2,6 millions d’Afghans sont réfugiés, alors que beaucoup d’entre eux sont toujours confrontés à de multiples défis et menaces.

La communauté internationale n’apportant pas de solutions appropriées qui soient à la hauteur de ses engagements internationaux, soutenir la société afghane devient plus urgent que jamais. Les parlementaires du monde entier doivent s’engager de manière significative auprès de leurs homologues afghans et des communautés en exil, afin de s’assurer que les réponses données par leurs pays respectifs suivent une approche basée sur les droits humains, notamment en garantissant la protection des droits des Afghans à demander l’asile.

Dans ce contexte, PGA a organisé une troisième table ronde sur l’Afghanistan le 30 mai 2022 afin de faciliter une discussion active entre des parlementaires du monde entier, des représentants de la société civile et des experts. Modéré par le Secrétaire général de PGA, le Dr David Donat Cattin, l’événement a permis aux intervenants de réfléchir à de nouvelles actions concrètes pour mieux aider les Afghans et répondre aux graves préoccupations concernant la situation humanitaire et des droits humains à l’intérieur et à l’extérieur du pays. La conversation a permis d’élaborer une série de mesures concrètes, se basant sur les diverses préoccupations soulevées par les participants afin d’assurer un suivi efficace de la part des membres de PGA, des parties prenantes concernées et de la communauté internationale dans son ensemble.

De telles mesures sont cruciales pour empêcher l’impunité de prospérer en Afghanistan et dans le monde entier. Comme l’a déclaré la Présidente de PGA, l’Honorable Kasthuri Patto (députée, Malaisie), la montée du radicalisme et de l’extrémisme est un phénomène qui peut toucher n’importe quel pays, et notamment au détriment des droits des femmes. Considérant que beaucoup reste à faire pour protéger les valeurs universelles, la démocratie, la justice, la liberté et les droits humains, elle a appelé chaque député à donner un espace aux acteurs afghans dans leurs parlements respectifs afin que tout gouvernement et acteur de la société civile puisse écouter attentivement les voix afghanes et les soutenir.

Le premier panel s’étant concentré sur la situation humanitaire en Afghanistan, l’Honorable Mariam Solaimankhail (députée, Afghanistan) a exprimé ses vives préoccupations et sa désillusion face à l’absence de mécanismes de surveillance efficaces pour signaler les violations des droits humains, et au manque d’instruments permettant à l’aide humanitaire d’atteindre tous les Afghans, y compris ceux vivant dans des zones isolées. Elle a appelé la communauté internationale à défendre l’Afghanistan, notamment en ne reconnaissant pas le gouvernement des Talibans comme légitime et en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.

Pour éviter que l’aide humanitaire ne finisse entre les mains de l’administration des Talibans ou d’autres organisations corrompues, l’Honorable Nazifa Yousufi Bek (députée, Afghanistan, et fondatrice du Parlement des femmes afghanes en exil) recommande à la communauté internationale d’acheminer l’aide humanitaire par le biais des conseils de village, une institution existante qui peut distribuer efficacement et équitablement l’aide à travers le pays, y compris aux différents groupes ethniques, et qui peut directement adapter l’assistance en fonction des besoins spécifiques des personnes. Elle a également attiré l’attention sur la situation des défenseurs afghans des droits humains, qui ont cruellement besoin du soutien international et d’aide pour poursuivre leurs activités dans un endroit où leur vie ne sera pas menacée.

Dans une déclaration détaillée (disponible en anglais) sur la situation humanitaire et des droits humains en Afghanistan, le Représentant spécial de l’UE (RSUE) pour les droits humains, M. Eamon Gilmore, a assuré que non seulement l’Afghanistan reste une priorité pour l’UE, mais surtout que “l’UE n’a pas abandonné et n’abandonnera pas le peuple afghan”. Parmi d’autres engagements essentiels de l’UE, notamment grâce à l’action de l’Envoyé spécial de l’UE pour l’Afghanistan, M. Tomas Niklasson, et de l’Ambassadrice de l’UE pour le genre et la diversité, Mme Stella Ronner-Grubačić, le RSUE Gilmore a souligné l’importance du financement substantiel de l’UE alloué à l’Afghanistan en 2022, qui permettra de fournir une aide d’urgence essentielle aux plus vulnérables (y compris aux victimes de la guerre), mais permettra aussi de répondre aux défis posés par les déplacements forcés et les risques naturels. Affirmant la non-reconnaissance des Talibans par l’UE, il a souligné la nécessité de s’assurer que le régime de facto des Talibans sera tenu pour responsable de ses actes, et que les responsables d’atrocités seront tenus responsables devant un système judiciaire respectant les principes de l’État de droit et les normes internationales.

Pour Mme Heather Barr, directrice associée de la division des droits des femmes à Human Rights Watch, la situation en Afghanistan est également la crise des droits des femmes la plus grave dans le monde actuellement, et la crise des droits des femmes la plus grave depuis 1996. Reconnaissant l’importance des déclarations faites par différents pays et organisations régionales ayant dénoncé unanimement une telle situation, elle souligne l’importance de transformer ces paroles en véritables actions coordonnées et concertées : les États engagés dans la mise en œuvre d’une politique étrangère féministe devraient assurer un leadership plus décisif en la matière. Tout en insistant sur la nécessité d’éviter de s’engager avec les Talibans d’une manière qui les légitimerait, elle a identifié plusieurs priorités pour la communauté internationale : (i) soutenir la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans la mise en œuvre complète de son mandat et le suivi de la situation sur le terrain, y compris sur les questions relatives aux femmes et aux jeunes filles ; (ii) s’exprimer lorsque des rapports signalent des attaques commises contre les femmes et les manifestants ; (iii) débloquer l’économie afghane, en laissant la Banque centrale fonctionner et en trouvant un moyen de contrôle approprié ; (iv) pousser la CPI à avancer dans son enquête sur l’Afghanistan, qui devrait inclure un accent spécifique sur la persécution des femmes ; et (v) s’assurer que le droit des Afghans à demander l’asile est respecté.

Le Secrétaire général de PGA s’est félicité de ces remarques et a rappelé le soutien de longue date (depuis 2008) que PGA apporte aux députés afghans pour qu’ils s’engagent auprès de la CPI, notamment en soulignant l’esclavage généralisé des enfants par les Talibans et d’autres groupes armés : l’esclavage est un crime contre l’humanité relevant de la compétence de la Cour.

Le deuxième panel a permis aux intervenants d’attirer l’attention sur la situation difficile des réfugiés afghans dans le monde, et de proposer des solutions concrètes portées par des voix afghanes pour pallier le manque d’engagement politique des États du monde entier. Parmi eux, Mme Sara Elizabeth Dill, partenaire chez Anthem Global, a particulièrement insisté sur la nécessité de consacrer des ressources gouvernementales aux demandes de traitement accéléré, ainsi que de soutenir les ONG qui fournissent une assistance juridique dans le cadre de cette procédure. Elle a également appelé les gouvernements à poursuivre les évacuations pour les personnes cherchant à fuir le pays, à fournir et à garantir une réinstallation sûre, en particulier pour les femmes et les filles qui courent un risque important d’abus et de harcèlement, et à ce que les États coopèrent entre eux pour permettre les regroupements familiaux. Enfin, elle a également souligné la nécessité de poursuivre les enquêtes sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, y compris sur les cas de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, et de développer des moyens pour renforcer le principe de la responsabilité et la réconciliation par le biais de la CPI, du principe de compétence universelle ou de tout autre mécanisme de responsabilisation.

En se concentrant spécifiquement sur la situation des réfugiés afghans au Pakistan - un pays utilisé comme un lieu temporaire pour les Afghans afin que leurs dossiers puissent être transférés à d’autres pays - Mme Rukhsar Azamme, membre de l’équipe LEAD IMPACT et activiste des droits humains, a partagé les difficultés rencontrées par les familles afghanes pour obtenir un certificat d’asile de l’UNHCR - un document nécessaire permettant aux réfugiés de ne pas être déportés, d’avoir accès à l’éducation et au travail, de voir leurs dossiers traités et de demander la réinstallation au Pakistan ou dans tout autre pays. Alors que cette population a fui les persécutions, une telle situation continue de mettre leur vie en danger et conduit à la corruption. Elle a donc appelé les députés à demander à leur gouvernement de faire pression sur les Nations Unies et d’encourager l’UNHCR à traiter les certificats d’asile en temps voulu afin que les Afghans aient au moins la possibilité de demander la réinstallation. 

En fondant Afghans in Crisis Network - une coalition d’activistes et d’anciens étudiants du Global Campus for Human Rights - Mme Charlemagne Gomez, défenseure des droits humains, assiste et aide les Afghans à fuir l’Afghanistan et à se réinstaller. Elle a cependant souligné les nombreuses difficultés rencontrées par ces personnes dans leur processus de demande d’asile, notamment pour obtenir des entretiens avec les ambassades et faire évaluer leurs dossiers - alors que tous les individus avec lesquels elle est en contact sont en grand danger. Elle a particulièrement souligné les problèmes financiers que rencontrent les réfugiés afghans, notamment en raison des coûts élevés des visas et des procédures relatives - une situation exacerbée par la lenteur des procédures. Par ailleurs, compte tenu de l’expertise des réfugiés afghans, qui ont favorisé la construction d’une société plus démocratique en Afghanistan avant la prise du pouvoir par les Talibans, ces derniers pourraient contribuer de manière significative aux communautés d’autres pays. Toutefois, si nous ne sommes pas en mesure de mettre ces personnes en sécurité, elle a souligné la nécessité de préserver leur héritage pour permettre aux Afghans de reconstruire leur pays le moment venu. Dans ce contexte, elle estime que le développement de réseaux, notamment de réseaux de parlementaires afghans en exil, est de la plus haute importance : ils permettent la pérennité de l’expertise afghane.

Pour conclure la table ronde, des législateurs de plusieurs régions ont réfléchi aux mesures concrètes que les parlementaires du monde entier peuvent prendre dans leurs pays et à d’autres échelles. À cet égard, l’Honorable Raymonde Lawson (députée du Togo) a souligné l’importance de défendre le droit des femmes et la nécessité d’inclure les femmes dans les processus de décision en leur donnant du pouvoir. Elle a insisté sur la nécessité de rester en contact avec les députés afghans démocratiquement élus, de les soutenir au quotidien et de les inviter à partager leurs histoires dans d’autres parlements du monde. Elle a également appelé à de nouvelles réflexions pour mettre en œuvre des mécanismes de sanctions qui feront pression sur les Talibans et les autres acteurs locaux et internationaux collaborant avec les Talibans, sans imposer davantage de souffrances au peuple afghan.

Soulignant la multitude de crises se déroulant actuellement dans le monde entier, l’Honorable Ali Ehsassi (député, Canada) a noté la nécessité de maintenir la situation en Afghanistan en tête de l’agenda international. Malgré les efforts et les engagements du Canada, beaucoup reste à faire pour aider l’Afghanistan et les réfugiés afghans, mais il a assuré que le pays reste engagé et continuera à fournir une aide financière et humanitaire. 

En tant que Président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Afghanistan, M. Petras Auštrevičius (député européen, Lituanie) a fait part de trois éléments majeurs sur lesquels il faut rester concentré : (i) maintenir l’attention de la communauté internationale sur la situation en Afghanistan, y compris sur les droits des femmes et la lutte contre l’impunité, et envoyer des messages forts - comme le démontre la récente résolution du Parlement européen sur la situation en Afghanistan, en particulier sur la situation des droits des femmes ; (ii) assurer un partenariat avec les acteurs en exil, y compris les membres démocratiquement élus du Parlement afghan ; et (iii) renforcer le soutien pratique aux étudiants afghans, afin qu’ils puissent poursuivre leur éducation, ainsi qu’à la société afghane dans son ensemble, par le biais de l’aide humanitaire, notamment celle assurée par les agences des Nations Unies travaillant sur le terrain. 

Enfin, l’Honorable Rozaina Adam (députée, Maldives) et Présidente de l’Équipe parlementaire de réponse rapide de PGA (EPRR) a souligné le rôle clé des parlementaires dans la défense des droits humains, l’élaboration de solutions adaptées pour protéger l’État de droit, et la garantie du principe de responsabilité. Entre autres actions, elle a suggéré que les parlementaires du monde entier s’engagent aux niveaux national, régional et international pour prévenir et arrêter les atrocités de masse, assurer le principe de responsabilité face à la commission de crimes odieux et l’accès à la réparation pour les survivants, et fournir assistance et refuge à ceux qui fuient le régime des Talibans. L’un des moyens d’y parvenir est de travailler rapidement et efficacement à l’adoption d’une législation nationale qui intègre les définitions des crimes internationaux. En outre, elle a souligné la nécessité d’étendre la participation civique et de développer des stratégies conjointes et participatives telles que le dialogue interculturel, afin de renforcer la capacité des communautés à être proactives dans la prévention des atrocités de masse.

En conclusion de la table ronde, le Dr David Donat Cattin a fait part de l’engagement de PGA à poursuivre la sensibilisation à la situation en Afghanistan, grâce au partage dans des espaces ouverts aux Afghans, pour que ces derniers fassent entendre leurs voix et plaident, avec les membres de PGA, en faveur de la mise en œuvre d’actions concrètes.

Cet événement était co-organisé par l’Équipe parlementaire de réponse rapide

**Pour des raisons de sécurité, cet événement était accessible sur invitation uniquement, mais un enregistrement vidéo est maintenant disponible (en anglais).

Téléchargez les actions pour soutenir les ressortissants afghans ici
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Téléchargez la note conceptuelle et l’agenda ici
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Intervention by Hon. Nazifa Yousufi Bek
Retrouvez l’intervention de l’Hon. Nazifa Yousufi Bek ici (en anglais)
Third Roundtable: Supporting Afghan Nationals on the Ground and in Exile. A conversation with Afghan Parliamentarians and their Counterparts

La Campagne sur l'universalité et l'efficacité du système du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (système du Statut de Rome) promeut l’État de droit et protège les droits humains en luttant contre l'impunité pour les crimes internationaux les plus graves, à savoir le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre, et le crime d'agression. Depuis sa création en 1998, elle a fait progresser la ratification/l’adhésion au Statut de Rome de la CPI par 78 pays (la plus récente étant celle de Kiribati en 2019), la ratification des amendements de Kampala dans 7 pays (la plus récente étant l’Italie en 2022), et l’adoption de paquets législatifs sur la mise en œuvre nationale du Statut de Rome dans 37 pays.

PGA a créé un groupe de travail fermé sur l’Afghanistan, où des députés, d'anciens ambassadeurs, des militants des droits humains, des experts, des représentants de la société civile et des universitaires ont stratégiquement discuté de la manière de prévenir et lutter contre l'extrémisme violent et la commission de nouvelles violations des droits humains, tout en soutenant les Afghans, en particulier les femmes et les filles. Depuis la prise de contrôle de l’Afghanistan par les Talibans, PGA a déjà organisé deux discussions en septembre et novembre 2021.

La Campagne pour le renouveau démocratique et les droits humains, créée en 2018, soutient le travail de PGA dans tous ses domaines programmatiques et est essentielle à la réalisation de l'objectif de développement durable (ODD) 16, qui engage les gouvernements à fournir un accès à la justice pour tous et à construire des institutions efficaces, responsables et ouvertes. La Campagne a surveillé les violations des droits humains contre les défenseurs de la démocratie et les menaces contre les principes et institutions démocratiques, par exemple au Brésil, en Iran, aux Maldives, aux Philippines, au Venezuela et au Zimbabwe.

En marge de la Campagne, PGA a lancé l’Équipe Parlementaire de Réponse Rapide (EPRR) en mai 2020, agissant en tant que “première intervenante” quand une action urgente est nécessaire. Depuis sa création, ce groupe unique a réagi avec agilité, intervenant lorsque des parlementaires et des défenseurs des droits humains étaient en danger. En mars 2021, PGA a lancé le deuxième pilier de la Campagne, avec la publication du « Code Parlementaire Mondial de Conduite Démocratique ».

Le secrétariat de PGA est prêt à vous soutenir dans ces actions ou d’autres. Pour une assistance technique ou pour plus d’informations sur la Campagne du Statut de Rome, veuillez contacter :

Mme Frederika Schweighoferova
Directrice,
Program Droit international et droits humains
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M. Daniel Garzón López
Chargé de programme senior
Program Droit international et droits humains
E: 

Mme Olivia Houssais
Chargée de programme
Program Droit international et droits humains
E: 

Tables rondes précédentes :