Lors d’une Cérémonie et d’un dîner organisés par l’Action Mondiale des Parlementaires (PGA), en partenariat avec la Chambre des députés de la Nation argentine le 4 novembre 2022, à l’hôtel Alvear, à Buenos Aires, la plus grande organisation de législateurs individuels a honoré le travail de trois militants des droits humains et de la démocratie de la société civile argentine et ukrainienne, ainsi que de l’opposition au régime autoritaire de la Fédération de Russie.
Suite à une décision prise par les 15 députés et sénateurs membres du Comité exécutif de PGA à New York, le 4 juin 2022, le Prix du Défenseur de la démocratie (DDA) a été remis à Mme Oleksandra Matviichuk, du Center for Civil Liberties (CCL), organisation devenue lauréate du prix Nobel quatre mois plus tard. Le CCL est un partenaire de PGA depuis 2014, lorsque la révolution pacifique de l’Euromaïdan a également été incarnée par Mme Matviichuk. PGA a continué à travailler régulièrement avec le CCL, et a fortement soutenu son initiative intitulée « Un tribunal pour Poutine », grâce à laquelle les ONG ukrainiennes ont documenté – à ce jour – plus de 21 000 atrocités commises au cours de la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Mme Rozaina Adam, députée (Maldives), a remis le prix à Mme Matviichuk au nom de PGA.
Le Comité exécutif de PGA a également décidé d’attribuer, à l’unanimité, le DDA 2022 à l’opposant politique russe et chroniqueur du Washington Post, M. Vladimir Kara-Murza. Prisonnier de conscience, M. Kara-Murza est victime de persécutions de la part des autorités russes, qui l’ont condamné pour trahison alors qu’il a très justement désigné l’actuelle guerre en Ukraine par le mot « guerre ». La voix de M. Kara-Murza peut être entendue dans le monde libre grâce au témoignage implacable de sa femme Evgenia, qui a lu une lettre éloquente adressée à PGA, elle-même écrite de la main de M. Kara-Murza et transmise jusqu’à Buenos Aires par l’intermédiaire de son avocat. Le prix du DDA a été remis à Mme Evgenia Kara-Murza, représentant ainsi son époux, par le sénateur Boris Dittrich (Pays-Bas).
Sur proposition du Groupe national de PGA en Argentine, le Comité exécutif de PGA a également décidé d’attribuer le DDA 2022 au Dr Luis Fondebrider pour son extraordinaire contribution à la recherche de la vérité, de la justice et de la réparation pour les victimes de la guerre lancée par la junte militaire sous le nom de « l’Opération Condor ». En tant que fondateur et dirigeant de l’Équipe argentine d’anthropologie médico-légale (EAAF), le Dr Fondebrider a mené un travail innovant et indispensable de médecine légale, qui a permis l’identification d’enfants disparus et l’exhumation de corps de victimes d’assassinats, ainsi que de nombreuses autres découvertes d’éléments de preuve ayant contribué à la vérification de la vérité et aux processus de justice en Argentine, ainsi que dans de nombreux autres pays touchés par les conflits, la répression et les atrocités de masse. Le Prix a été remis au Dr Fondebrider par Mme Margarita Stolbizer, députée (Argentine) et Mme Lucila Crexell, sénatrice (Argentine).
La Cérémonie et le dîner pour le DDA 2022 se sont conclus par un programme culturel généreusement offert par la Chambre des députés de la Nation argentine. Cet événement a été rendu possible grâce au partenariat de PGA avec les Affaires mondiales Canada, dans le cadre de la Campagne pour le Renouveau démocratique et les droits humains.
Le Prix du Défenseur de la démocratie de PGA célèbre les individus ayant fait preuve d’un engagement et d’une contribution exceptionnels pour promouvoir la paix, la démocratie, l’État de droit, les droits humains, la non-discrimination et/ou l’égalité des genres.
Leurs actions doivent soutenir la vision de PGA, à savoir « contribuer à la création d’un ordre international fondé sur le respect des règles pour un monde plus équitable, sûr, durable et démocratique. »
Les lauréat.e.s du DDA 2022 :
Dr Luis Fondebrider (Argentine)
Fondateur de l’Equipo Argentino de Antropología Forense (EAAF)
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De gauche à droite : Sénatrice Lucilla Crexell (Argentine), Dr Luis Fondebrider, députée Margarita Stolbizer (Argentine)
Le Dr Luis Fondebrider est un anthropologue médico-légal et le fondateur de l’Équipe argentine d’anthropologie médico-légale (EAAF), une organisation non gouvernementale qui depuis 1984, enquête sur les violations des droits humains, exhume les tombes et analyse et identifie les restes squelettiques. Au cours de cette période, l’EAAF a mené et/ou participé à des enquêtes médico-légales sur des violations des droits humains dans 30 pays. En 2020, l’EAAF a été nommée pour le prix Nobel de la paix.
Le Dr Fondebrider a également travaillé comme expert et consultant médico-légal à la Cour pénale internationale, au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, à la Commission interaméricaine des droits humains, au Comité international de la Croix-Rouge, à la mission UNITAD en Irak, et aux commissions d'enquête des Nations Unies et autres commissions vérité en Argentine, au Brésil, au Salvador, en Haïti, au Pérou, aux Îles Salomon et en Afrique du Sud. De 2018 à 2021, il a été Président de l’Association latino-américaine d’anthropologie médico-légale et membre du Comité de certification.
Le Dr Fondebrider a obtenu son diplôme en sciences anthropologiques à l’Université de Buenos Aires.
Mme Oleksandra Matviichuk (Ukraine)
Présidente du Center for Civil Liberties (CCL)
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De gauche à droite : Hon. Rozaina Adam (Maldives) et Mme Oleksandra Matviichuk (Ukraine), Présidente du CCL
Mme Oleksandra Matviichuk a contribué à l’amélioration de la situation des droits humains en Ukraine, notamment en élargissant et en renforçant l’espace et la voix de la société civile ukrainienne. En tant que Présidente du Center for Civil Liberties (CCL), Mme Matviichuk est considérée comme la représentante la plus importante de la société civile travaillant sur la justice et les droits humains en Ukraine.
Mme Matviichuk coordonne également l’initiative citoyenne Euromaidan SOS, créée après la violente répression des manifestations pacifiques sur la place de l’Indépendance, le 30 novembre 2013. Mme Matviichuk a mené de multiples campagnes de mobilisation internationale pour la libération des prisonniers d’opinion, comme la campagne #letmypeoplego et l’action mondiale #SaveOlegSentsov pour la libération des personnes emprisonnées illégalement en Fédération de Russie et dans les territoires occupés des régions de Crimée et du Donbass. Elle est l’auteure d’un certain nombre de rapports auprès de divers organes des Nations Unies, du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, de l’OSCE et de plusieurs transmissions de documents à la CPI sur des crimes présumés commis en Ukraine.
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie le 24 février 2022, elle est restée courageuse et continue de défendre activement la justice internationale, la démocratie et l’État de droit. À travers le CCL, l’initiative Euromaidan SOS, ainsi que ses réseaux sociaux, elle rend quotidiennement compte des violations des droits humains commises sur le terrain, fournissant ainsi des témoignages cruciaux pour dénoncer et informer mondialement sur les atrocités en cours.
Le Center for Civil Liberties a reçu le prix Nobel de la paix 2022.
M. Vladimir Kara-Murza
chef de l’opposition russe, journaliste, réalisateur et militant des droits humains et de la démocratie
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l-r: Ms. Evgenia Kara-Murza and Sen. Boris Dittrich (The Netherlands)
M. Vladimir Kara-Murza est un dissident russe et chef de l’opposition démocratique, Vice-président de l’Open Russia Foundation, Conseiller principal à l’Institut de la Russie moderne, journaliste et ancien conseiller du parlementaire de l’opposition russe assassiné, M. Boris Nemtsov. Ciblé pour son leadership en matière de droits humains, les autorités russes ont déclaré que M. Kara-Murza était un « agent étranger » le 22 avril 2022, et ont ordonné sa détention provisoire pour avoir prétendument diffusé de fausses informations sur l’armée russe dans le cadre de sa campagne militaire en Ukraine. Il est en détention depuis.
M. Kara-Murza a joué un rôle clé dans l’adoption de la première loi Magnitski, qui impose des sanctions ciblées aux auteurs russes de violations des droits humains. Deux fois, en 2015 et 2017, il a été empoisonné et laissé dans le coma ; ces tentatives d'assassinat sont largement considérées comme étant un acte de vengeance du gouvernement russe pour son travail sur les sanctions Magnitski.
Il a contribué à la rédaction du Washington Post, a animé une émission hebdomadaire sur la radio Echo de Moscou et a travaillé pour la BBC, la RTVi et le quotidien russe Kommersant. Il a réalisé trois documentaires, They Chose Freedom, Nemtsov, et My Duty to Not Stay Silent ; et est l’auteur de Reform or Revolution: The Quest for Responsible Government in the First Russian State Duma. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix Sakharov « Le journalisme comme acte de conscience », le prix Magnitski des droits humains et le prix du courage du sommet de Genève.
Le Prix a été reçu par sa femme, Mme Evgenia Kara-Murza.