Contexte
Alors que le monde progresse vers la numérisation, l'utilisation des technologies de l'information, des réseaux et des bases de données et la dépendance à leur égard sont devenues de plus en plus omniprésentes dans la société. Le ciblage et l'exploitation illégale des systèmes et des données informatiques sont également devenus de plus en plus courants. La pandémie mondiale de COVID-19 a entraîné une augmentation sans précédent des activités illégales cybernétiques, tant en nombre qu'en sophistication.
L'élaboration de contre-mesures efficaces s'est avérée difficile dans le contexte mondial, tout comme l'alignement de la législation, des stratégies et des politiques de manière cohérente et harmonisée. L'hétérogénéité des cadres juridiques, l'absence de stratégies nationales, les capacités limitées de la justice pénale à lutter contre la cybercriminalité et à sécuriser les preuves électroniques, ainsi que les infrastructures d'information encore peu sécurisées dans un certain nombre de pays, font des sociétés du monde entier des cibles vulnérables à la cybercriminalité. En outre, les gouvernements ont du mal à concilier des réponses efficaces à la cybercriminalité avec les exigences des droits humains et de l'État de droit en ligne.
Il est indéniable que la cybercriminalité présente également des caractéristiques d'armes de destruction massive (ADM) dans certaines de ses manifestations, y compris la manipulation réelle de la fabrication d'ADM existantes, avec un potentiel évident de destruction massive/de perte de vies humaines pour d'importants groupes de population et/ou de destruction massive de réseaux essentiels et d'approvisionnements en énergie, dans de nombreux cas également essentiels à la survie humaine. Il s'agit d'une menace existentielle pour l'humanité. Les récentes cyberattaques contre des installations de services publics, y compris l'ajustement des produits chimiques dans l'approvisionnement en eau des villes, avec le potentiel d'empoisonner des communautés entières, des villes et des régions environnantes, sont également une réalité bien ancrée dans le monde. De même, les cyberattaques de masse contre des hôpitaux et d'autres établissements de soins critiques/urgents dans de nombreux pays du monde, la perte/la disparition de dossiers médicaux numérisés vitaux pour des millions de personnes, dont beaucoup sont actuellement hospitalisées pour des maladies graves, mettent des vies en danger. L'utilisation de la cybercriminalité et des attaques contre les centrales nucléaires est un autre exemple frappant du lien étroit et du chevauchement entre la cybercriminalité et les ADM.
Le rôle des parlementaires dans la promotion de la cybersécurité et la prévention de la cybercriminalité
En tant que défenseurs et législateurs, les parlementaires peuvent plaider pour la ratification et l'adhésion aux traités internationaux qui promeuvent la cybersécurité ainsi que pour l'adoption et la mise en œuvre d'une législation sur la cybersécurité dans leurs pays respectifs afin de donner effet aux obligations qu'ils assument en vertu de ces traités internationaux. Dans ce domaine, les parlementaires ont tout loisir d'encourager leurs gouvernements respectifs à soutenir, rédiger et faire adopter les lois d'application nécessaires.
La Convention de Budapest sur la cybercriminalité, qui compte 72 États parties, sert de ligne directrice à tout pays qui élabore une législation nationale complète contre la cybercriminalité et de cadre à la coopération internationale entre les États parties à ce traité. La Convention a été adoptée en novembre 2001. L'année 2003 a vu l'adoption d'un premier protocole additionnel concernant l'incrimination d'actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques. Reflétant les nouvelles réalités, des travaux importants et urgents sont en cours en vue de l'adoption d'un Deuxième Protocole additionnel sur le renforcement de la coopération internationale et l'accès aux preuves dans l'informatique dématérialisée.
Bien qu'il s'agisse d'une convention du Conseil de l'Europe, plusieurs États non-membres du Conseil de l'Europe ont participé activement à l'adoption de la Convention de Budapest, notamment le Canada et les États-Unis, et elle est ouverte à la ratification/adhésion de tous les pays. Un nombre croissant de pays non-membres du Conseil de l'Europe ont déjà franchi cette étape dans plusieurs régions du monde. Il existe donc un potentiel important pour que les membres de l'AGP puissent apporter des contributions essentielles dans de nombreux pays non-étatiques actuels afin de promouvoir l'universalité et la mise en œuvre de la Convention de Budapest. La cybercriminalité, tant directe qu'indirecte, constitue l'une des plus grandes menaces, sinon la plus grande, pour la paix et la sécurité internationales aujourd'hui.